Fuck the rules.

Et brûle ton Elle!

Les féministes sont des femmes frustrées, aigries, aux jambes poilues, qui auraient bien besoin de tirer un petit coup. Même vite fait.
Les féministes sont des chieuses qui veulent écraser les hommes et, si possible, aussi piétiner leurs couilles.
Les féministes sont des lesbiennes refoulées aux cheveux courts. Et en plus, elles ne savent pas cuisiner.
Les féministes n’ont aucun sens de l’humour et devraient revoir leurs priorités. La suppression du mot « mademoiselle », vraiment ?

Si c’est ce que vous pensez, je veux juste vous rappeler trois « petites » choses :

- Tous les trois jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint. Trois jours. Lundi, mardi, mercredi, PAF ! Jeudi, vendredi, samedi, PAF !
- En moyenne, pour un travail équivalent, une femme touche environ 30% de moins qu’un homme. Pour un travail EQUIVALENT.
- C’est tout à fait acceptable de dire qu’une femme n’a eu que ce qu’elle mérite quand elle se fait violer. Bah oui, elle portait une jupe. Quelle conne !

Je ne suis pas fan du terme féministe parce que sa racine pourrait laisser penser que le but est de mettre les femmes au-dessus des hommes. Pour éviter les erreurs, je préfèrerais presque dire que je suis égalitariste (sic, oui c’est moche !). Parce que c’est bien pour l’égalité que les féministes se battent. Et si tu n’es pas pour l’égalité homme-femme, tu es sexiste (ne soit pas choquée, c’est la définition). Donc, si tu n’es pas féministe, tu es sexiste (ne soit pas choquée, c’est la définition. Ah merde, je l’ai déjà dit).

Toucher le même salaire, ne pas être une proie, ne pas être insultée. A priori, il n’y a aucune raison de ne pas être d’accord avec ça (sauf si on est un vieux réac macho).

Sauf que ça piaille, on dirait presque un phénomène de mode, « j’aime pas les féministes ! », « elles sont chiantes et qu’est-ce que ça peut leur faire si j’aime cuisiner et m’occuper de mes gosses » !

Les féministes ne sont pas là pour juger. Mais pour se poser la question : est-ce que c’est mon choix ou est-ce depuis que je suis née, j’ai été influencée ? Est-ce que je cuisine parce que j’aime ça ou par habitude parce que j’aidais ma mère quand j’étais petite alors que mes frères avaient les pieds sous la table ? Si c’est ton choix, tant mieux (et ce n’est pas ironique ! Tu as le droit de faire ce que tu veux, c’est la raison pour laquelle les féministes se battent).

On se moque de leurs batailles sur des détails. Mais il n’y a pas de petites victoires. Il n’y a pas de détail. Ce qu’on appelle « détails » sont en fait des injustices qui persistent depuis tellement longtemps qu’elles sont devenues des habitudes, que l’on vit avec tous les jours, et qu’elles sont ancrées dans nos vies si bien qu’on les perpétue à notre tour. Qui n’a jamais entendu (ou même dit) à un enfant « ne pleure pas comme une fillette » ou « tu cours comme une fille ». Qu’est-ce qu’il entend ? Qu’une fille est faible et hyper-sensible et qu’elle pleure tout le temps. Qu’une fille ne peut pas faire du sport sans être ridicule. Oui, homme et femme sont différents. Ils n’ont pas la même force, ni la même sensibilité. Mais si une fille se trompe en récitant une poésie à l’école, est-ce que la maîtresse lui dira « soit pas comme un homme ! » parce que c’est bien connu qu’ils sont trop cons pour se souvenir de la date de notre anniversaire ?!

Et pourquoi on a autant entendu parler du fameux « mademoiselle » ? À cause des medias, qui comme toujours préfèrent les anecdotes, les petites histoires drôles plutôt que les choses sérieuses. Et pourquoi cette bataille, au fond ?

En quoi savoir si une femme est mariée ou non est pertinent ? En rien ! Et ça remonte même à plus loin. Vous savez cette belle image, quand une « mademoiselle » remonte l’allée de l’église, au bras de son père, juste avant d’être confiée à son époux ? C’est bien de ça dont il s’agit, d’une passation de pouvoir sur une personne. La femme appartient à son père jusqu’à ce qu’elle appartienne à son mari. Bien sûr, c’est la tradition, personne ne le voit plus comme ça aujourd’hui, l’image est belle et ça fait de jolies photos. Mais l’origine est là. Et c’est important de ne pas l’oublier. Et à chaque fois que je remplis un formulaire administratif, on me demande si j’appartiens à mon père ou à mon mari. Alors oui, je préfère cocher dans homme ou femme, plutôt que dans mademoiselle, madame ou monsieur.

Je suis féministe et il n’y a pas de petites batailles.

Parce que justement, je ne suis pas un mannequin, je ne suis pas parfaite. Et pendant des années, je me suis dit que je n'étais pas assez bien pour pouvoir porter des jupes. Des jambes pas assez fines, pas assez musclées, des cuisses trop rondes, une peau trop pâle. C'était dans ma tête mais aussi dans les images renvoyées par tous les médias via des corps photoshopés.

Puis, les rares fois où j'ai osé, il y avait toujours un connard, au hasard d'une rue, pour me faire regretter. Un "wesh wesh poulette, ya quoi sous ta jupe?". Un "ça te dis un coup vite fait?". Parce que oui, évidemment, je suis en jupe, je ne demande que ça. Pourquoi chercher à nier !

D'accord, ça n'arrive pas à chaque fois. Mais ça arrive et suffisamment souvent pour se poser LA question. Celle qu'on a toutes eu en tête au moins une fois, avant de sortir: " Je vais rentrer  seule, à pied, ce soir, est-ce que c'est vraiment raisonnable de mettre une jupe ? Ou est-ce que je ne préfèrerai pas juste éviter les emmerdes en sautant dans un jean?".

Et au boulot, est-ce que Bernard de la compta passe autant devant notre open space avec des blagues salaces qu'on fait semblant de ne pas entendre, quand on porte un pantalon ? Et est-ce que  notre autorité ou nos compétences sont inversement proportionnelles de la longueur de notre robe?

Donc retour au pantalon. Retour au pantalon, vraiment? A cause des autres? Et si moi, j'ai envie de mettre une jupe ? D'être prise au sérieux. De ne pas être un objet. Ce n'est pas l'habit qui fait la femme. Je suis d'accord, on n'a pas besoin de mettre un décolleté, une robe et d'avoir les cheveux longs pour être féminine. L'habit ne fait pas la femme. Mais apparemment, la jupe fait la pute.

Et ça peut paraître paradoxal de faire d'une jupe un acte de résistance. Surtout quand on sait que c'est le pantalon qui a longtemps été interdit à la femme pour l'empêcher d'accéder à des "métiers d'homme" jusqu'à n'être retirer du code pénal qu'en décembre dernier ! Une femme devait être en jupe ou en robe parce que c'était une femme (argument implacable). Jusqu'à ce qu'elles deviennent trop dangereuses, la femme et sa jupette. La femme, celle qui va travailler et qui peut séduire. Celle qui n'a pas besoin d'un homme mais peut le mettre dans son lit si elle veut.

Sauf qu'on peut mettre une jupe pour se sentir bien et pas juste pour être sexy. Alors ça sera mon acte de résistance. Ma cure de self-esteem. Mon exercice de style. Par tous les temps, pluie, neige et vent, je garderais la jupe visée au corp s! Et la tête haute face à toutes les remarques qu'on pourra me faire. Pourquoi ? Juste parce que j'en ai envie.

Et pour me suivre, c'est par ici!

Tu ne veux pas être libre.

Tu veux des remords, des regrets. Des gens qui avec un seul regard te disent si ce que tu fais est bien. Ou mal. Tu ne veux pas être libre, crois-moi. Tu veux appartenir à une communauté, à une famille, à un quartier. Tu veux que la boulangère te dise bonjour, qu'on te sourit quand on te croise dans la rue et qu'on t'appelle par ton prénom. Tu veux que le téléphone sonne, tu veux que les factures te rappellent tes obligations. Oui tu vis sous un toit, tu as une connexion internet, tu paies des factures, c'est normal. Tu veux qu'on te rappelle ce qui est important quand tu crois que rien ne compte. Tu ne veux pas être libre. Tu ne veux pas être une silhouette, tu ne veux pas être flou. Tu veux que les gens fassent la mise en point quand tu divagues. Tu veux rester dans l'objectif. Tu veux que quelqu'un voit que ça ne va pas. La liberté? Le sable blanc sous les cocotiers, vraiment? Tu y crois? Tu veux y aller seul, au bout du monde? Sans personne pour te faire chier? Et tu crois que tu tiendrais combien de temps, exactement? 

Tu veux des rendez-vous, une boite mail pleine à craquer, un déjeuner chez maman le dimanche. Tu veux pouvoir en rire et dire qu'ils sont tous fous. Tu veux un patron et des horaires pour savoir quand en profiter. Sinon, tu ne profites pas. Tu ne veux pas pouvoir faire ce que tu veux quand tu le veux. Tu veux des contraintes, un réveil qui sonne et quelqu'un qui t'attend le soir. Tu ne veux pas être libre, tu veux tes attaches, des liens de sang et des liens d'amitié, tu veux de l'amour à en chialer. Tu veux qu'on sache que tu existes, tu veux des tas de souvenirs. Tu ne veux pas abandonner tes études, fuir ton job alimentaire, sauter dans un train sans te retourner. Tu veux te retourner, voir des visages familiers, ton étrange famille qui part en vrille. Tu veux des attaches, qu'on te tienne fort par la main et qu'on t'empêche de disparaitre. Tu ne veux pas te fondre dans la nuit, au coin d'une rue. Tu ne veux pas tout plaquer, avec un sac sur le dos. Tu ne veux pas partir voir le monde. Tu ne veux pas t'envoler vers des contrées exotiques. Même si tu en rêve parfois, souvent peut-être, tu ne veux pas être libre. Tu veux te construire un nid et en connaître chaque brindilles. Même celles que tu détestes, même celles que tu ne comprends pas.

Crois-moi, tu ne veux pas être libre.

Tu ne veux pas être seul.