Il est temps de partir

L’ancien amour de ma vie m’a offert une bague pour notre premier Noël.  Une bague que j’ai portée chaque jour depuis. Une f...


L’ancien amour de ma vie m’a offert une bague pour notre premier Noël. 
Une bague que j’ai portée chaque jour depuis. Une flèche qui bouffe la moitié de la main, un étendard plus qu’un bijou. Une flèche de Cupidon, peut-être bien. Presque un coup de point américain. Un accessoire de princesse indienne, je suis Pocahontas avec, un symbole de liberté et de force.
Elle s’est brisée il y a quelques jours. J’ai continué à la porter après la rupture parce que ce bijou, c’est moi, je ne porte rien d’autre d’un jonc en argent transmis par ma mère, qu'elle avait elle-même reçu de ma grand-mère. et cette bague, elle a du caractère, surement plus que moi et j’aime ça.
Elle ne s'est pas cassée toute seule, d’un coup. Je l’ai fissurée, je l'ai amochée. Involontairement, je l'ai accrochée en tombant ivre morte dans les escaliers d’un bar où j’étais avec un type que je n’aime même pas. Et je me suis relevée en riant parce que c’est ce que je fais toujours. Elle était toute tordue, elle a fini pas céder. J’ai un bleu sur le bras qui finira par s’estomper, mais plus de bague. Je crois qu’il est temps de partir.

J’ai réussi à garder en vie, pendant cinq ans, dans notre ancien appartement, un mini cactus en forme de coeur. Le genre de truc que tu trouves à la caisse, à Ikea, et que tu achètes parce que c'est trop mignon et parce que bon "deux euros, c’est rien" même si tu sais que ça va crever en mois d'un mois. La copine avec qui j’étais en virée shopping, qui avait craqué aussi, a gardé le sien quelque semaines. Cinq ans, il a tenu, à être arroser à la petite cuillère. Cinq années à cohabiter avec un vase rempli de fleur en feutrine et un frêle bambou. Et il a tenu deux semaines dans mon nouveau chez moi. J’ai vu ce coeur se flétir puis jaunir. Se ramolir, suinter, pourrir tous les jours un peu plus, en partant travailler, sur l’étagère dans le couloir, un coup d’oeil en passant. Notre coeur est mort. Il me souffle dans un dernier soupir qu'il est temps de partir.



Ce matin, il a commencé à neiger. Le blanc a recouvert  le rouge des toits, tout a l’air plus calme. Plus silencieux, comme si du coton absorbait jusqu’au bruit de la circulation. Il y a un petit coin de ciel bleu malgré tout, un petit coin de ciel bleu qui perce entre d’épais nuages blancs duveteux. Un petit peu de ciel bleu. Ca n’a jamais été mon pays, je n’étais là que pour lui. 
Il est temps de partir.


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4 commentaires

  1. Magnifique <3 tu es une femme forte

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  2. Il faut parfois des signes comme ceux-là pour passer un cap...

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  3. Une page se tourne... c'est le cactus qui le dit...

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  4. Bonjour,

    je fais partie des lecteurs. Je croyais le blog mort depuis un an. Je suis content de vous voir de retour. Je vous souhaite le meilleur.

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