Noël, chez moi, c'est pas une petite affaire.
Six mois à l'avance, ma mère commence à me demander ce que j'aimerais comme cadeaux.
Deux mois avant, les invitations sont lancées et on se penche sur le menu.
Une semaine avant, la cuisine ressemble déjà à un chantier et le salon semble sortir d'un magasine de déco. Sur la table basse, il y a toujours une boite de chocolats et des clémentines, des bougies parfumés, un thé chaud épicé. Un plaid lourd pour s'enrouler sur le canapé à côté du vieux chat qui ronronne. Un vrai conte de fin d'année.

Le 24, toute la famille est là, les oncles, les tantes, les cousins... une vingtaine de personnes autour d'une table parsemée de pignes de pain et de guirlandes rouges et, ça tombe bien, il y a à manger pour 40!

Sous l'arbre de Noël, il y a aussi eu du laisser-aller, le sapin est à peine visible derrière cette colline de cadeaux. Tout ce qu'on a pu mentionné comme nous manquant  durant le mois de décembre se retrouve là, joliment emballé. Une paire de chaussettes, un agenda, un pot de Nutella... (rappel à moi-même, ne plus jamais dire "faut que j'aille à monop', j'ai plus de Nut' " devant ma mère).

Les Noël en famille, chez papa-maman, c'est de la magie en barre. 

Et cette année, on reste à la maison. Tout seul avec chéri. Pas les moyens et pas de congés pour faire des centaines de kilomètres. Alors Noël, ça sera en tête en tête dans notre petit studio.

Je suis en transe depuis début décembre alors que mon chéri a strictement rien à foutre de Noël. Il a même accepté de renoncer à sa part du calendrier de l'avent sans que je n'ai trop à le supplier! Et je suis sure qu'il serait ravi si je lui proposais de passer prendre un double cheese au Drive pour le réveillon. Ambiance, ambiance...

Moi,j'ai déjà passé des heures sur le menu (verrine de panna cotta au curry, crevettes sautées et coulis de mangue épicé, mini feuilletés au chèvre, mini tartes tatin d'échalote et foie gras, millefeuilles au deux saumons, buche chocolat-caramel...), je compte bien décorer la table de chandelles rouges et d'étoiles argentées et peut-être même qu'il y aura "oh baby it's cold outside" en fond sonore. C'est bizarre mais j'ai un peu peur. Peur que ça ne soit pas assez. Pas rapport à mes habitudes de monomaniaque de Noël. J'ai aussi peur que ça soit trop et que je sois la seule à apprécier. Mais soyons sérieux, je vais me détendre, siroter une coupette de champagne (Une? Who am i kidding!), laisser faire la magie et passer une belle soirée de Noël avec mon amoureux. J'hésite encore la version jeux de société ou la version lingerie rouge mais finalement, j'ai hâte de passer un premier Noël avec mon amoureux. Et de trouver ensemble de nouvelles traditions rien qu'à nous deux!

Je pense que vous l'avez remarqué ( et au passage, j'espère que vous me détestez pas trop pour ça), je mets du temps à répondre aux commentaires.

C'est difficile à comprendre pour moi, et difficile à expliquer, quand je sais l'étonnement que j'ai à chaque fois que j'ai un mail pour me prévenir d'un nouveau commentaire. Je suis une liseuse de blog avant d'être une blogueuse, je sais qu'écrire un commentaire n'est pas une évidence, je sais que je ne le fais pas tout le temps.

Ecrire un article, c'est facile, je suis toute seule avec mes mots, j'en fais ce que veux, mais au moment de cliquer sur "Publier" j'ai l'impression de ne plus savoir écrire et que mon pavé n'est qu'une suite de lettres sans aucun sens. Alors, je me force, je me lance, je clique, je publie et je ferme la page de mon blog. Je ne regarde pas si vous venez me lire, pas tout de suite, je déserte Hellocoton aussi, j'évite ma propre page, je ne guette pas vos petits coeurs. Quelque part, je dois avoir peur que vous ne soyez pas au rendez-vous. Je n'assume plus rien, il me faut du temps avant de relire un article en prenant le même plaisir que j'ai eu à l'écrire.

Pourtant, il y a vos commentaires pour avancer un argument, pour être d'accord ou non, une pensée réconfortante, un mot gentil, un partage d'expérience ou simplement pour dire que vous avez aimé un texte. Je lis ces messages dans ma boîte mail et ils me font sourire. Je sais que je devrais y répondre de suite, discuter, continuer simplement ce que j'ai commencé en écrivant un article mais je n'y arrive pas, j'ai un blocage comme si j'avais déjà tout donné et je ne sais pas quoi ajouter de plus. Et j'ai peur que mes mercis soient redondants, semblent creux à force d'être répétés. Et malgré tout, des commentaires, ici, il y en a de plus en plus, tout comme les petits coeurs hellocotonniens et les abonnés. Et si je vous raconte tout ça, c'est parce que je détesterais, j'aurais honte, si vous pensiez que je ne prends pas du temps pour vous lire parce que je serais "populaire" ou je ne sais quoi, que je n'apprécie pas vos remarques, que je ne retiens pas vos mots et que tout ça ne me touche pas. Parce que ce n'est vraiment, vraiment pas le cas.

Je prends du temps, peut-être même beaucoup, mais je répondrais. Et en attendant, merci!

Je vis sur des montagnes russes, je monte très hauts et je descends très bas. Je passe du rire aux larmes, je suis touchée par tout ce que je vois, j'entends et je revis n'importe quel souvenir rien qu'en étant assise au fond de mon canapé.

Je crois qu'il existe plusieurs degrés d'empathie:

-les sans-coeurs (comme mon chéri)

-les personnes qui pleurent devant Titanic ou Love Story.

-les personnes qui pleurent devant n'importe quelle comédie romatique avec Drew Barrymore ( au stade ou j'en suis, ET compte comme une comédie romantique) ou Julia Roberts.

-les personnes qui pleurent devant un épisode de The Wakling Dead (je vous en prie, pas Daryl!)

-les personnes qui pleurent devant tous les Disney.

-les personnes qui pleurent devant une vidéo de chaton sur Facebook. (mignon, mignon, mignon)

-les personnes qui pleurent devant TOUT CA et AUSSI devant une publicité de lessive (mais bordel pourquoi t'es pas ému? Le gamin vient de retrouver son doudou tout propre!) ou de biscuit (mais puisque la dame te dit que ça a EXACTEMENT le même goût que les gâteaux que lui faisait sa grand-mère...t'es pas nostalgique, t'as pas envie de chialer, même pas un petit peu?)

Je ne vous cache pas que je fais partie de cette dernière catégorie. J'ai d'ailleurs arrêté de regarder la télé, ça me coutait trop cher en mouchoir.

Et sinon, je crois qu'il m'est même arrivée de pleurer devant Tellement vrai (Mais tu comprends pas! Ils peuvent pas partir en voyage de noces parce que son mari dépense tout leur argent dans le tuning de la r5!)

Et si comme moi, vous n'assumez pas forcément de chialer devant Prison Break, voici quelques techniques pour camoufler une petite larmichounette:

-la première étant de boire un grand verre d'eau pour ravaler ses sanglots.

-la deuxième est d'avoir bu tellement de verre d'eau que "Tiens, ya plus d'eau, je vais en chercher dans la cuisine" pour pouvoir se moucher dans un torchon quand Jack meurt congelé par exemple.

-la troisième est de bailler très bruyemment. "oulala, je suis tellement fatiguée que j'ai les yeux qui pleurent".

-la quatrième, en dernier recours, quand vous êtes déjà allés chercher de l'eau 50 fois, que vous avez les yeux rouges et le menton tremblant, est de feindre une allergie au canapé. 

Ne me remerciez pas, faut bien s'aider entre chialeuses.

Alors si je suis capable d'avoir les yeux humides devant une émission des plus stupides, quand je suis dans la vie, la vraie (oui, encore plus vrai que Tellement vrai), c'est pas simple. 

Je peux chialer si je suis contrariée (genre si j'ai raté un gâteau). Si je suis stressée (parce que j'ai raté un gâteau). Si je suis en colère (à cause de ce putain d'enfoiré de four). Si je suis frustrée (je veux un nouveau four et j'ai pas une thune). Si j'essaie de parler de ce qui me contrarie (Chériiiii, (sanglot) le four... (sanglot) il marche pluuuus!). Et s'il s'agit d'un sujet plus sérieux (mais, en même temps, je ne vois pas ce qui pourrait être plu sérieux qu'un gâteau. D'alleurs, rien que d'y penser...), je m'enferme direct dans la salle de bain et je me mouche dans une serviette de bain. 

Et deux minutes après (ou vingt) c'est fini! Je crois que je ne sais juste pas gérer une émotion (aka je suis débile), je chiale et tout va mieux après!

Mais d'un autre côté, je suis aussi le genre de personne qui peut se mettre à rire, toute seule dans le bus (aka tarée). Oui, je fais peur, les mères serrent leurs enfants dans leurs bras et les petits vieux me dévisagent mais il suffit que je pense à un bon moment pour être la plus heureuse du monde. Je monte le son de la radio et je danse sur le canapé (mais faut pas le dire à mon chéri, c'est SON canapé). Je marche dans la rue avec un grand sourire, je saute du trottoir pieds joints comme une gamine. J'adore les longs voyages en train, les grèves inopinées et les retards indéterminés, j'adore me perdre dans les paysages et plonger dans mes pensées, faire mes propres films, observer les gens et les petits détails insignifiants. J'aime chanter sous la douche, chanter dans ma brosse à dent, chanter dans ma brosse à cheveux, chanter dans la cuillère en bois quand je cuisine, j'aime même chanter devant mon poing serré sur un micro invisible. En fait, je crois que je suis complètement tarée. Je suis définitivement heureuse et follement amoureuse.

Quand je vole, quand je suis six pieds sous terre, quand je surfe sur la vague ou quand je bois la tasse, je ne fais pas semblant, il n'y a pas de demi mesure.

Je ne sais pas être neutre, je n'aime pas. J'ai soit le visage bariolé, soit les yeux cernés de noir. C'est peut-être un peu usant mais au moins je suis sure d'être vivante. Et de toute façon, je ne sais pas faire autrement!